— Senesie, espèce de raclure ! T’es vraiment un GROS con, tu le sais ça ?Indifférent. Totalement. L'air stoïque, Epsilon se foutait totalement des injures proférées à son égard. Par habitude sans doute. Des insultes, on lui en bavait tous les jours, à toute heure et de toutes sortes. On lui crachait dessus quand on en avait l’occasion, on voulait le tabasser, l’étriper. L’émasculer. Une diarrhée verbale sans fin, tel un crescendo frénétique.
— Regarde-moi, merde. Je vais t’arracher tes putains de couilles !Voilà. On n’y était enfin. Il levait les yeux vers son interlocuteur, lâchant son éternel sourire. Si, vous savez. Celui qui vous donne immédiatement une envie de dégueuler suivit d'une forte envie de lui éclater la gueule contre un mur. Ce putain de sourire. Arrogant. Victorieux. Presque vicieux. Le jeune homme fulminait. Rien ne pouvait être plus humiliant. Il avait déjà pu en voir la couleur maintes fois, mais là, c’était surement la cerise sur le gâteau.
— C’est pas mon problème si t’es pas capable de la tenir en laisse, ta chienne.Instant jouissif. Sa chienne ? Ouais, la fille qui lui servait de copine. Ou de trou pour y cracher sa semence.
« Elle avait qu’à se tenir. J’y suis pour rien si elle m’a sauté dessus cette nana. » ───────────────────
On pourrait presque dire
« maintenant, c’est du passé ». Ahaha. Ce serait bien trop beau. Enfin, disons qu’il n’est plus aussi bas, comme type. Après quelque temps, Epsi s’est très vite lassé de ce genre de coup foireux. Au début, tout vous semble excitant, mais vous vous rendez vite compte que ça ne suffit plus. On voit beaucoup plus grand, ou l’on se dit tout simplement que l’on devrait arrêter et passer à autre chose.
Enfin. Les histoires de sexe sont toujours là.
Epsilon. Rashan. Senesie. Né de l'union entre un homme et une femme, épris l'un pour l'autre d'un amour fou. Le truc bien niais qu’on vous raconte quand vous n’êtes pas encore capable d’essuyer la bave de votre bouche. Le genre d’histoire à la mords-moi le nœud qui vous file la nausée. Mais ça, on s’en tape. Le petit chérubin, il n’était déjà pas comme les autres. Non, ses parents ne sont pas morts dans un accident de voiture ou une connerie du genre. Personne ne les a tué. Ils sont encore bel et bien vivant, pour le meilleur comme pour le pire
(putain, je voulais trop intégrer cette expression, elle craint trop.) En fait, il n’est tout simplement pas le garçon type, qui crache sur les jeunes demoiselles parce qu’elles sont nulles, qu’elles aiment le rose, les lapins et les dinosaures herbivores qui sentent la tulipe. Déjà à cette période, il était assez proche d’elles. Très proche. Trop proche. On ne le dupe pas si facilement, le gamin. Le sexe, il en connaissait déjà la couleur. Enfin. Presque. Jeune puceau en plein apprentissage de la vie. Que c’est beau, on lui donnerait presque une médaille pour sa précocité. Misère. En grandissant, c’est le genre de chose qui finit par vous obséder, tel un toxicomane n'ayant pas de quoi acheter sa dope pour sa dose quotidienne – voilà qui explique donc, l’introduction. Le stéréotype parfait, de l’enfoiré sans-gêne et sans remords. La classe. –
Allez. La crise d’adolescence, c’est le plus dur
« mais maintenant, c’est du passé ». Ouais, c’est ça. Il s’est calmé le grand dadet, mais on peut dire qu’il en a gardé de nombreux souvenirs. Entre les piercings, son style vestimentaire et tous ces petits plaisirs ajoutés qui font de lui, ce qu’il est aujourd’hui. Physiquement. L’image type de l’excentrique parfait. On ne pourrait surement pas faire mieux.
Ah, mais j’y pense. Tous les gosses ont un rêve. Bon, il finit souvent aux chiottes avec le temps, certes, mais on pense tous à un truc auquel on aspire quand on est jeune. Un métier, ou autre. Epsi lui, rêvait de voler. Non, pas comme un piaf, plutôt comme un homme dans sa mécanique. Un avion. À la différence de la plupart de ses anciens camarades, le sien s’est réalisé. Entre autre, grâce à son vieux père et une femme, le pied quoi. Son père, ex-pilote de l’armée de l’air, lui avait simplement appris les bases. La théorie. Le reste est finalement venu après, en pratique. Pour ce qui est des Outfits. Ah, Joe.
« Les bons pilotes se font rares et ne sont pas forcément dignes de confiance. » ainsi furent ses paroles. Une mise à l’épreuve. Voilà donc ce qu’il en coûtait. Rashan devait donc faire preuve de ses aptitudes sur le terrain. Faire plus fort. Bien plus fort que d’autres prétendants au poste. Tout était donc réuni. Les capacités, une passion commune, un fort caractère. Autant de qualités qui plurent à la demoiselle.
« Après ça, c'est un deal qu’elle m’a proposé pour que je puisse toucher à l’un de ses engins. L’un de ses petits bijoux de la mécanique serait « à moi » à la seule condition qu’il puisse me permettre de transporter des cargaisons d’alcool. Le top quoi.
Ah ouais, c’est vrai. Il y a cette putain de prohibition et du coup, la circulation d’eau de vie est interdite. Ouais, ok. Pourquoi pas. Je me fous bien de ce que je transporte, tant que je peux faire ce dont j’ai envie. »Le conflit entre les deux gangs, il s’en balance le beau brun. Son seul intérêt et de pouvoir être libre de ses mouvements. Alors ouais, il obéit, après tout c’est assez marrant de voir la façon dont ils se font la guerre. Une guerre sempiternelle. D’ailleurs, certains ont fini par lui donner un surnom. Frénésie. Peu commun par rapport à d’autre, je vous l’accorde, mais ces couillons ont trouvé ça
« assez amusant de faire une rime avec son nom de famille ». Ahaha, vous êtes drôle les gars. Qui plus est, on peut dire que ce surnom colle bien au personnage.